Les propos de la ministre Marlène Schiappa suscitent la colère des représentants du culte musulman en France

Par Nawel Thabet / Medianawplus

 

Les propos tenus par la ministre déléguée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, mercredi 25 mars, sur le plateau de LCI, ont provoqué  la colère des représentants de la communauté musulmane en France, notamment  celles du  Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine HAFIZ  et du président de l’Observatoire Nationale contre l’Islamophobie Abdallah ZEKRI.

 Marléne Schiappa, a déclaré  «mais  cette charte, pourquoi on l’a fait cette charte, parce qu’elle est engageante et l’idée, c’est de mettre sa signature, c’est de dire, comment on s’engage pour l’égalité femme et homme, pour la lutte contre l’homophobie. »

« … Est-ce que ça veut dire que dans les prêches, on considérera que deux hommes ont le droit de s’aimer, de se marier, comme deux femmes ont le droit de s’aimer et de se marier, comme le disent les lois de la République française ? C’est cela que dit cette Charte », a-t-elle déclaré.

Les propos de la ministre sont intervenus lors d’une réponse , à une question, concernant une subvention pour la construction d’une mosquée à Strasbourg.

La subvention avait créée une grande polémique, lorsqu’ elle avait été octroyée à une association musulmane turque non-signataire de la dernière la Charte des principes pour l’islam de France du 18 janvier 2021, adoptée par une partie de musulmans en France.

La réaction a été immédiate de la part du président de l’Observatoire National contre l’Islamophobie,  Abdallah ZEKRI  qui a qualifie ces propos  de « choquants et de torrent d’inepties … »

Il a ajouté « Mme Schiappa interfère gravement dans un domaine qui la dépasse, s’autoproclamant théologienne et s’autorisant des fatwas sans qu’elle en ait ni les facultés intellectuelles ni la légitimité cultuelle. »

 

Le Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine HAFIZ,  a déploré à son tour, « ces déclarations, qui marquent une violation du droit et bafouent les réalités religieuses. »

Il a précisé que « comme les autres religions monothéistes, l’islam ne reconnaît le mariage qu’entre les personnes de sexes différents. Aucune autorité publique ou politique ne peut dicter une doctrine religieuse. »

Medianawplus ,  a décidé de publier l’intégralité des deux communiqués qu’elle a reçu, jeudi 25 mars, et voici ce qui dit le communiqué du Recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine HAFIZ :

« Ce matin, sur la chaîne LCI, Madame Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, a affirmé qu’en application de la Charte des principes pour l’islam de France du 18 janvier 2021, les imams devront reconnaître dans leurs prêches le droit des personnes du même sexe à se marier.

Je déplore ces déclarations, qui marquent une violation du droit et bafouent les réalités religieuses.

En qualité de recteur de la Grande Mosquée de Paris, j’ai fait tout mon possible pour parvenir à la conclusion de cette charte, qui est un engagement très fort de nos fédérations musulmanes de France. Cette charte affirmait sans ambiguïté que la pratique religieuse musulmane est parfaitement en phase avec les lois et les principes de la République.

Les déclarations de Madame Marlène SCHIAPPA sont incompréhensibles et inacceptables.

D’abord, cette charte n’est pas un acte du gouvernement mais un engagement des fédérations musulmanes et je demande instamment au gouvernement de respecter le travail de ces fédérations, qui agissent avec esprit de responsabilité et indépendance.

Ensuite, nous avons rappelé le principe d’égalité entre tous les êtres humains, qui est nourri par nos plus essentiels enseignements religieux, et nous avons clairement dit que cela impliquait le refus de toute discrimination liée à l’homosexualité.

Surtout, cette charte est notre affaire, et je dénie à un ministre la capacité de dicter les prêches des imams. Que resterait-il de la liberté de religion ? Que resterait-il de la laïcité ?

Et puis, il y a une grande différence entre refuser toute discrimination notamment pour un motif d’orientation sexuelle et adhérer au mariage homosexuel. Comme les autres religions monothéistes, l’islam ne reconnaît le mariage qu’entre les personnes de sexe différent. Aucune autorité publique ou politique ne peut dicter une doctrine religieuse. »

Chems-eddine HAFIZ

Recteur de la Grande Mosquée de Paris

Communiqué du président de l’Observatoire National contre l’Islamophobie , Abdallah ZEKRI .

 « La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la citoyenneté, vient de déclarer que la charte des imams [doit] «dire comment on s’engage pour l’égalité femme-homme, comment on lutte contre l’homophobie, est-ce que ça veut dire que dans les prêches, on considérera que deux hommes ont le droit de s’aimer, de se marier, que deux femmes ont le droit de s’aimer et de se marier comme le disent les lois de la République française ? C’est cela que dit cette charte».

En faisant une telle déclaration pour le moins choquante, Mme Marlène Schiappa ne se rend-elle pas compte qu’elle entraîne dans son torrent d’inepties les responsables du culte musulman qui ont conçu la Charte des imams, les discréditant ainsi d’une façon malencontreuse aux yeux de la communauté musulmane qu’ils représentent et les vouant aux gémonies des extrémistes qui profiteront de l’occasion pour leur faire porter la responsabilité de tels écarts inexcusables ?

Mme Schiappa interfère gravement dans un domaine qui la dépasse, s’autoproclamant théologienne et s’autorisant des fatwas sans qu’elle en ait ni les facultés intellectuelles ni la légitimité cultuelle. Ce grave dérapage, qui est malheureusement loin d’être le premier, dénote une volonté chez la ministre d’instaurer une sorte de clergé qu’elle semble vouloir imposer à l’islam de France et dont elle se voudrait l’inspiratrice.

On n’a pas entendu Mme Schiappa «enrichir» les religions autres que l’islam de ses avis juridiques dont elle voudrait que les musulmans de France s’imprègnent.

La charte des imams a été validée par une partie des représentants de l’islam de France et elle est en vigueur depuis sa signature. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la citoyenneté doit s’y conformer en s’abstenant d’en déformer le contenu et d’y ajouter des alinéas qui n’y sont pas, parce que ses auteurs sont tout simplement autrement plus habilités qu’elle pour savoir ce qui doit et ce qui ne doit pas figurer dans ce texte, en veillant à assurer l’équilibre entre les préceptes de l’islam et les lois de la République. »

Abdallah ZEKRI

Président de l’Observatoire

National de Lutte contre l’Islamophobie

Délégué général du C.F.C.M

 

 

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