Affaire Khashoggi : un des meurtriers présumés arrêté en France, Riyad évoque une « erreur »

L’un des suspects saoudiens du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018 a été arrêté mardi en France, à l’aéroport Charles-de-Gaulle où il s’apprêtait à embarquer pour Riyad, selon la police. L’homme était recherché par Interpol à la suite d’un mandat d’arrêt pour assassinat émis par la Turquie. Son identité est en cours de vérification.

Un membre présumé du commando impliqué dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul a été interpellé, mardi 7 décembre dans la matinée, à l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle et placé en rétention judiciaire, a-t-on appris de sources judiciaire et aéroportuaire. Cette arrestation intervient trois jours après la visite d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite.

L’homme, qui a présenté un passeport au nom de Khalid Alotaibi, a été interpellé par la police aux frontières alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Riyad, a indiqué une source proche du dossier.

Au moment de son passage au contrôle, la notice rouge d’Interpol qui le vise s’est activée, selon cette même source. Des vérifications étaient toujours en cours mardi soir, pour s’assurer de son identité et que le mandat d’arrêt s’applique bien à l’homme interpellé, selon une autre source proche du dossier, qui souligne que sa rétention peut durer 48 heures.

Une possible extradition vers la Turquie

L’homme interpellé a été placé en rétention judiciaire dans le cadre d’un mandat d’arrêt international émis par la Turquie. Une fois son identité bel et bien confirmée, il devrait être présenté à l’issue de sa rétention au parquet général de la cour d’appel de Paris qui devrait lui notifier le mandat d’arrêt.

Il pourrait alors refuser son extradition en Turquie. Dans ce cas, la justice française pourrait demander à ce qu’il reste en France, libre, sous contrôle judiciaire ou sous écrou extraditionnel, le temps que la Turquie fasse une demande d’extradition. D’ici quelques semaines, la cour d’appel devrait alors statuer sur la demande d’extradition.

Une erreur sur l’identité du suspect, selon Riyad

Khalid Alotaibi est soupçonné d’avoir fait partie d’un commando d’une dizaine de Saoudiens envoyés au consulat d’Istanbul le 2 octobre 2018 pour « exécuter » Jamal Khashoggi et « dissimuler les preuves » du meurtre, selon des documents des gouvernements britanniques et américains, consultés par l’AFP.

Réagissant à cette arrestation, l’Arabie saoudite a déclaré qu’il y avait une « erreur sur l’identité » de la personne interpellée. Les personnes condamnées pour cet assassinat « purgent actuellement des peines d’emprisonnement en Arabie saoudite », a affirmé un représentant saoudien à Reuters.

« Le citoyen en question qui a été arrêté n’a aucun lien avec l’affaire », a affirmé l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris dans un communiqué. « En conséquence, l’ambassade du Royaume d’Arabie saoudite attend sa libération immédiate ».

Jamal Khashoggi, ancien proche du pouvoir saoudien dont il était devenu un féroce détracteur, a été assassiné dans les locaux du consulat de son pays à Istanbul, le 2 octobre 2018, par un commando d’agents venus d’Arabie saoudite. Son corps, démembré, n’a jamais été retrouvé. Un rapport des services de renseignement américains accuse le prince héritier d’avoir « validé » l’assassinat.

Après avoir nié l’assassinat, Riyad avait fini par dire qu’il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls. À l’issue d’un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois à des peines de prison – les peines capitales ont depuis été commuées.

La fiancée du défunt journaliste, Hatice Cengiz, a salué sur Twitter l’annonce de l’arrestation. « La France doit le juger pour son crime, ou l’extrader dans un pays capable et désireux d’enquêter et de le poursuivre, de même que la personne qui a donné l’ordre de tuer Jamal », a-t-elle déclaré.

 

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