Fondation du doute : Gilles Rion « Tant que l’art suscite quelque chose »

Depuis le mois de septembre 2024, Gilles Rion est le nouveau directeur de La Fondation du Doute. Installé à Blois, ce musée d’art contemporain est vénéré ou détesté pour ses œuvres qui interrogent, provoquent, brouillent tous les repères. Avec cet accent décalé, il fallait bien un Belge pour gérer l’établissement ! Gilles Rion nous explique son parcours et ce qui l’anime :

Par Émilie Marmion

« Ce n’est pas moi qui suis venu à l’art, mais plutôt l’inverse. J’ai d’abord suivi des études d’anthropologie. Ce qui m’intéressait, c’était d’étudier les comportements et les interrelations des humains au travers des moyens de communication. L’art en était un moyen. Je me suis notamment intéressé à l’art brut parce que ça venait à s’interroger sur : c’est quoi, être un artiste ? Quelles places sont concédées aux créations des personnes handicapées mentales, des prisonniers et, plus largement, de tous les délaissés de la société ? »
C’est un sujet très intéressant qui m’a conduit à travailler dans le milieu culturel. Je suis arrivé en 2006 en France, j’ai d’abord travaillé en tant que médiateur pour la Biennale de Lyon, avant de rejoindre la Frac Centre-Val de Loire où je suis resté douze ans. Là-bas, j’ai fait presque tous les postes, de chargé des publics à coordinateur artistique général. C’était génial de partir avec les œuvres dans les écoles, d’aller dans les petits villages et de faire découvrir l’art aux habitants, petits et grands. Ça, s’est vraiment mon dada, faire en sorte de rendre l’art accessible et que tout le monde puisse y avoir accès. Après la FRAC, j’ai travaillé pendant trois ans au Domaine de Chamarande, je m’occupais des expositions et de faire vivre la collection départementale d’art contemporain ; ça me plaisait, mais lorsque j’ai su qu’il y avait ce poste à pourvoir, j’ai sauté sur l’occasion.

La Fondation du Doute, c’est la plus belle collection d’art contemporain de la région. Ici, nous avons une cinquantaine d’artistes qui retracent toute l’histoire de l’art du XXe siècle. C’est très rare de trouver ça dans une petite ville. Pour moi, ce lieu représente l’aboutissement des mises en doute posées par l’art au XXe s. et fait le lien avec mes études d’anthropologie. On sort d’ici en ayant bousculé toutes ses certitudes. L’art permet d’enlever les cases, de s’exprimer, de parler de notre condition, de la société et peut être une solution pour tendre vers le monde de demain. Je dis souvent aux gens face aux œuvres : “j’espère que vous n’allez pas trouver de réponses !” On aime ou on n’aime pas, on comprend ou pas, peu importe, tant que l’art suscite quelque chose.»

 

Exposition Le peuple qui vient, de Benoit Huot, du 16/03 au 02/06
Discussion entre Julien Salaud et Benoit Huot, le 05/04 à 19h00
Table ronde L’art et ses lisières ? Transferts, transfuges et transculturalités, le 06/04 à 15 h 30
Divagations Contes d’un peuple qui vient, le 07/04 à 15 h et 17 h
fondationdudoute.fr

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